samedi 29 janvier 2011

Angoulême 2011

Festival international de la bande dessinée d'Angoulême
27-30 janvier 2011





Pour en savoir plus sur les oeuvres en compétition: http://www.bdangouleme.com/competition-officielle


Mon coup de coeur (déjà en juin sur le blog):

                                 

Abel Lanzac, le scénariste de cette bande dessinée, s'est inspiré de son expérience de conseiller du ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin.

Immergé dans les coulisses du ministère, le lecteur découvre la mécanique de la politique internationale et la vie d'un cabinet ministériel. Si comme dans tous les milieux professionnels, le cabinet vit au rythme de coups bas et de crises (les rivalités entre ministères et la pression médiatique en plus), le charme de cette bande dessinée demeure Alexandre Taillard de Vorms, comprenez Dominique de Villepin, véritable personnage comique dessiné par Christophe Blain.

Arthur Vlaminck, jeune intellectuel, est recruté "aux langages" par le ministre (il va avoir la lourde tâche de réaliser ses discours). Le ministre apparaît comme un homme à la personnalité complexe. Cet homme, bourré de contradictions, semble agir au gré de ses caprices : perfectionniste insupportable, tyran peu crédible car trop cocasse par ses mimiques (la manière dont il stabilobosse les oeuvres, ses entrées "tornades"). Influencé par la littérature et ses amis artistes, il souhaite instiller dans ses discours les formules contradictoires des Fragments d'Héraclite! La politique internationale éclairée par la philosophie? De quoi rendre chèvre le pauvre Arthur, condamné à réécrire sans cesse des discours abscons!

Comment naissent les communications politiques et à partir de quelles inspirations? Vous allez être surpris! Dans le bureau ministériel, les paroles du ministre, souvent incohérentes et contradictoires, se transforment par la suite en déclarations publiques ovationnées. Alors génie ou imposteur? A vous de trancher!


 

lundi 3 janvier 2011

Les Emotifs Anonymes

Une comédie de Jean-Pierre Améris

 
Angélique (Isabelle Carré), jeune femme hypersensible, est une brillante chocolatière.
Jean-René (Benoît Poelvoorde à contre-emploi, mais peut-être pas tant que cela...), timide maladif, est responsable d'une chocolaterie au bord de la faillite.

Passionnés par le chocolat - qui notons-le au passage a des vertus anti-stress! - ces deux handicapés des sentiments ont bien du mal à épancher leur coeur.  L'une confie ses peurs aux Emotifs anonymes, véritable groupe de parole apparu en France à la fin des années 1980 et  s'inspirant des douze étapes du programme des AA, tandis que l'autre est mis au défi par son psy.

Il émane de cette comédie, et plus particulièrement des deux personnages, une véritable sensibilité. En effet, les problèmes émotionnels paralysants d'Angélique et Jean-René sont retranscrits avec légèreté et humour sans jamais donner dans le caricatural : timidité paralysante, suées d'angoisse, embarras, balbutiements et manque de confiance. Dans une société où le culot est de mise, nous ne pouvons que déplorer que cette émotivité se transforme implacablement en handicap social. Ainsi, les deux protagonistes évoluent dans un monde intemporel coloré à la Jeunet, hors du temps et de la vie (nous sommes même un peu étonnés de voir un ordinateur muni d'une webcam) comme pour mieux souligner leur incapacité à vivre avec les autres.

La scène finale de ce conte sur la phobie sociale est magnifique : cette fuite en avant révèle que de ce mal inscrit dans le caractère, on ne guérit pas...




Les deux acteurs entretenaient déjà une liaison am-biguë dans Entre ses mains, un thriller d'Anne Fontaine (2005).