mercredi 18 mars 2015

La "FAC", une illusion d'avenir?


Dans La "FAC", une illusion d'avenir?  Comment la médiocratie l'emporte sur l'excellence!, Alexandre O'Mil pointe les dysfonctionnements des universités françaises (l'auteur enseigne depuis 1976 et écrit sous pseudonyme).

Il mentionne les abandons en première année dus au manque de suivi et à une adaptation lycée-université difficile (20 à 25% des étudiants décrochent après le premier semestre de Licence). Les bacheliers ont encore du mal à écrire, rencontrent des problèmes de méthodologie et de lecture de consigne. Alexandre O'Mil révèle que certains directeurs de recherche réécrivent les thèses de leurs doctorants... Selon lui, les programmes du lycée abordent des notions trop complexes au détriment des bases. Il relance le débat sur les notes, sanctions immédiates dans un temps donné qui n'équivalent pas à l'évaluation d'un savoir.
Les enseignants doivent faire face à une nouvelle génération d'étudiants parfois contestataires. Alexandre O'Mil déplore la disparition de l'écriture au profit des écrans et l'illusion de l'acquisition du savoir sur internet à l'heure où l'université limite le présentiel. 

La fac cloisonne les disciplines et n'est pas adaptée au monde du travail. L'auteur note l'absence de reconnaissance des étudiants qui sont embauchés en dessous de leur qualification. Ces étudiants sont devancés par ceux des classes préparatoires et des grandes écoles.

Alexandre O'Mil se penche sur la recherche et le statut des enseignants-chercheurs. Selon lui, être enseignant constitue un frein au développement de la recherche. Il décrit l'enseignement et la recherche comme deux activités contradictoires car l'enseignant doit se baser sur du sûr, du certain tandis que le chercheur travaille sur l'inconnu et l'incertain. Etre enseignant-chercheur équivaut à deux temps pleins... Tout au long de l'ouvrage, l'auteur critique en effet le statut des professeurs. Ces enseignants "à vie" n'ont pas eu de formation et ne mettent pas forcément à jour leurs connaissances. Dans le chapitre 46, il propose des modifications de l'organigramme et des modalités de promotion (il dénonce le système de cooptation).

Alexandre O'Mil décrit également les modes de financement des universités et des laboratoires. Ces derniers financés par des industriels doivent obtenir leur aval pour publier leurs travaux.  Le travail de recherche peut être entravé et n'est pas toujours valorisé.

L'auteur conclut sur des conseils destinés aux futurs étudiants. Même si on peut parfois regretter le ton rempli d'indignation qui n'est pas toujours pertinent, nous sentons une réelle volonté d'amélioration de la part de l'auteur. Il dépasse les constats en amenant des propositions. 

Je remercie l'opération Masse critique de Babelio pour l'envoi de cet ouvrage.

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